C’est une première départementale. À Chazé-sur-Argos, près de Segré (Maine-et-Loire), un arrêté municipal a permis d’installer dans un parc privé, un canon effaroucheur. Les corvidés ont quitté le bourg. Les riverains du parc sont soulagés.
Ils rendaient la vie impossible aux riverains du parc privé, et à d’autres habitants proches. Impossible de profiter de sa terrasse sans être importuné par les cris de ces corvidés, de dormir les soirs fenêtres ouvertes, sans parler des fientes sur les dallages. Une colonie d’une trentaine de couples de corbeaux freux avait élu domicile dans les grands arbres d’un parc privé au milieu du bourg. Plusieurs plaintes sont parvenues en mairie. La maire Françoise Coué explique : « Une pétition a réuni quelque 80 signatures. Nous nous sommes renseignés très précisément sur un possible arrêté municipal autorisant la FDGDON (Fédération départementale des groupements de défenses contre les organismes nuisibles) départemental à poser un effaroucheur dans le parc en question avec, bien entendu, l’aval de ses propriétaires. »
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L’effaroucheur en place a, semble-t-il, produit l’efficacité attendue. La colonie de « freux » a quitté le bourg pour très assurément aller s’installer ailleurs »,
ne cachent pas Étienne Gauthier et Bertrand Saget, tous deux du GDON local, et Antonin Grimault-Frémy, animateur au FDGDON départemental.
Un dispositif adapté
Bien entendu le dispositif a été adapté en termes de décibels au fait qu’il soit installé dans le bourg. C’est un dispositif semblable à celui que posent les agriculteurs dans leurs champs pour faire fuir également les corvidés. Les décibels sont réduits, à 70 contre 170 dans les cultures, et la fréquence du coup calculée pour que l’oiseau ne s’accoutume pas au bruit. Le tir est vertical, alors que dans les champs il est plutôt horizontal.
Dans le parc, les responsables GDON montrent une dizaine de nids ou prénids en haut des arbres. Il est strictement interdit de les détruire »,
regrettent-ils. Les dégâts faits par ces corvidés (corbeaux, choucas, freux) sont parfois considérables dans les cultures. Une journée suffit pour voir disparaître plusieurs hectares de maïs ou de blé.
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Un oiseau intelligent
Le tir de freux est autorisé aux chasseurs en campagne par la préfecture, entre la date d’ouverture et fin juillet. Dans les bourgs, le tir est interdit. Cet oiseau est terriblement intelligent,
selon Bertrand Saget. Je me souviens que dans ma ferme, quand j’étais dans le bout d’un de mes champs avec mon fusil, les freux s’envolaient sur l’autre bout de la parcelle, pour revenir immédiatement à leur point de départ, quand je changeais de place.
Ils sont méthodiques. On a même évalué leur logique égale à celle d’un enfant de 3 ans »,
rapporte Antonin Grimault-Frémy.
Comme les agriculteurs ou les autres victimes ne sont pas indemnisés, les gens ne déclarent rien, déplore Bertrand Saget. Ce qui ne facilite pas l’argumentation auprès des responsables du type Ligue des oiseaux, ou Crow Life, qui ne voient pas l’intérêt d’engager des campagnes de régulation.
Pour le moment, et à l’approche des beaux jours on reprend confiance du côté des jardins et des terrasses dans le bourg. Dormir le soir ou la nuit va pouvoir se faire fenêtre ouverte de nouveau. Les corbeaux freux sont partis sous d’autres cieux.
Françoise Coué se félicite de l’acceptation par la population de cette expérience unique dans le département
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Le Gdon, ce n’est pas seulement cette lutte contre les corvidés, c’est aussi celle contre le frelon asiatique, le ragondin, dont des centaines de bénévoles s’occupent. Il faut y ajouter les piégeurs agréés qui eux aussi donnent de leur temps.
En 2015, on avait calculé que ça représentait 170 ETP, c’est-à-dire entre cinq et six millions d’euros chaque année
, rappelle Antonin Grimault-Frémy.